Une équipe de l'Université de Yale a mis au point une technique d'analyse de sang, simple, précise et rapide, capable de repérer les biomarqueurs du cancer du sein ou de la prostate. La méthode, qui utilise une puce électronique et des nanofils, pourrait être appliquée à d'autres cancers voire à des maladies cardiovasculaires.
On sait repérer la présence d'une tumeur par une analyse du sang en détectant des antigènes caractéristiques. Mais la méthode est longue et délicate. Il faut centrifuger le sang pour séparer les cellules (globules rouges, blancs, etc.) du plasma, lequel doit ensuite subir une analyse chimique complexe. Le travail prend plusieurs jours et ne peut être réalisé que dans un laboratoire spécialisé. De plus, la précision est moyenne et l'antigène doit être présent en quantité suffisante pour être mis en évidence, faute de quoi il peut subsister une ambiguïté.
Depuis plusieurs années, Mark Reed et Tarek Fahmy, de la Yale University, travaillent sur des senseurs électroniques capables de détecter certaines molécules dans une solution liquide et appliqués au diagnostic médical. Dans un tel laboratoire sur puce , la solution s'écoule dans un dispositif miniaturisé, faisant appel à la microfluidique, cette science de la circulation d'un fluide dans un volume minuscule.
Dans les senseurs les plus classiques, la substance recherchée interagit avec le substrat et se fixe en certains endroits. Elle peut alors être détectée grâce à un marqueur, par exemple fluorescent, qui se lie spécifiquement à elle. L'équipe de l'Université Yale étudie, elle, des nanosenseurs purement électroniques, permettant une analyse plus rapide.
Les performances sont assez spectaculaires. Cette petite puce détecte en moins de vingt minutes la présence des antigènes caractéristiques du cancer du sein et du cancer de la prostate dans un échantillon de 10 microlitres de sang obtenu sans aucune préparation.
Le résultat est une sensibilité très élevée, permettant de repérer des concentrations de marqueurs très faibles. Ce senseur serait capable de détecter un grain de sel dilué dans une piscine, affirment les auteurs. La rapidité de l'analyse et le fait qu'elle puisse être réalisée sur un échantillon de sang frais sans préparation change complètement la manière de conduire ce genre de test. Il pourrait être pratiqué rapidement, à l'hôpital ou même par un médecin. De plus, cette puce pourrait être utilisée sur une large variété de cancers et même pour détecter des maladies cardiovasculaires.